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 Lettre ouverte aux personnels et étudiants de Nancy 2

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AuteurMessage
Nico37




Masculin Nombre de messages : 370
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Date d'inscription : 05/07/2007

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MessageSujet: Lettre ouverte aux personnels et étudiants de Nancy 2   Lettre ouverte aux personnels et étudiants de Nancy 2 EmptyJeu 29 Oct - 22:04

Citation :
Lettre ouverte aux personnels et étudiants de Nancy 2

Le 20 octobre 2009, la demande de mise en application des Responsabilités et Compétences Elargies (RCE) a été votée par une très large partie des membres présents du Conseil d’Administration (17 pour, 2 contre et 2 abstentions). Ce vote intervient à la suite de deux mouvements de contestation des réformes universitaires en cours, dont la loi Liberté et Responsabilités des Universités (LRU), et s’est effectué sans débat et dans la plus grande opacité vis-à-vis des personnels et des étudiants. Si l’Université reçoit l’aval du ministère, les RCE devraient entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2011 à l’initiative des membres du CA de l’Université Nancy 2. Cette étape clef de la LRU, inscrite dans le contexte de la LOLF au plan national et du processus de Bologne au niveau européen, aura un certain nombre de conséquences prévisibles.

Il est déjà possible de prévoir que la part du budget des Universités allouée par l’Etat va sensiblement décroître dans les années à venir. Ce budget est aujourd’hui artificiellement "surévalué" pour laisser penser que la LRU ne s’accompagne pas d’une diminution de la dotation de l’Etat. Mais la répartition des sommes destinées à des dépenses hors budget et l'augmentation des coûts à charge pour l'Université impliquent que ces dernières devront faire face à un surcoût (1). Pour compenser cette baisse effective, il faudra visiblement :
- augmenter l’embauche de personnels précaires sans véritable statut et sans perspective d’avenir,
- augmenter les frais d’inscription pour les étudiants,
- moduler les services des enseignants-chercheurs (à la hausse, cela va de soi).

Toutes mesures dont on peut déjà imaginer l'impact négatif sur les relations entre personnels et étudiants et entre les différentes catégories de personnels, puisqu'elles reposent sur un même principe : déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Les RCE ont une implication directe sur le statut des personnels. Elles permettent de moduler et d’individualiser les conditions de travail et d’embauche et contribuent donc à instaurer inégalités et arbitraire en termes de salaires, horaires et tâches pour des postes identiques. En cas de difficultés financières, et celles-ci sont incontournables compte tenu de la politique du gouvernement, l'Université devra impérativement trouver les moyens de réduire ses coûts. Aujourd'hui dans une entreprise (n'oublions pas que c’est le modèle qui sert désormais de référence pour l'Université), ceci passe par une réduction du personnel ou par des moyens qui sont rarement au bénéfice de ce dernier. La situation actuelle de certaines Universités étrangères que l'on cite régulièrement comme modèle de réussite est, à ce propos, édifiante (2).

Berkeley connaît aujourd’hui une réduction de son budget de l’ordre de $637.1 millions (environ 20% du budget total). Les mesures prônées face à cette situation et qui ont déclenché une vague de contestation importante consistent à :
- augmenter de 32% les frais d’inscription (3),
- obliger les universitaires à des journées de congé obligatoires qui réduiraient leur salaire de 4 à 10%,
- réduire le recrutement d’enseignants (il s'agit de passer de 100 postes à 10).

Il est utile de rappeler ici qu'en France, le moratoire sur les suppressions de postes n’est assuré que pour 2010 et 2011 dans l’enseignement supérieur. Or, la situation actuelle de sous-encadrement est déjà préoccupante (4). On peut facilement imaginer la pression supplémentaire sur les personnels, qui
ne pourront évidemment pas suivre le rythme surhumain qui leur sera imposé par la diminution des effectifs. Ainsi, on comprend mieux la raison pour laquelle des outils de "gestion des personnels", de "dialogue social" et de "rénovation du dialogue de gestion" sont actuellement en train de se mettre en place à coup d’indicateurs.

Les contrats d’objectifs et de moyens (COM) couplés au management par les primes et au nouveau système d’allocation de moyens SYMPA, exacerberont l’individualisation et la compétition au détriment de deux caractéristiques de nos métiers, la collaboration et l’émulation. On assiste donc à une réorganisation totale du système de haut en bas : SYMPA organise la compétition entre universités, les COM l’organisent entre composantes et services et la Prime de Fonction et de Résultat (PFR) l’organise entre personnels de chaque composante et service. Le tout sera accompagné d’une évaluation quantitative du travail qui n’est en fait qu’une dénégation de la réalité de nos métiers. Pourquoi se préoccuper de la qualité du service rendu plutôt que de la quantité des
choses produites ?

On nous impose donc un modèle de gestion ultra-libérale dont les conséquences désastreuses sont déjà observables dans les institutions qui l'ont pratiqué.

Cette réforme s'accompagnera en outre d’une réorganisation totale du paysage de l’enseignement supérieur en France. On vise la constitution de deux types d'établissement :
- des collèges universitaires dans lesquels on fournira un enseignement "standard" à la "masse" des étudiants, et qui ne proposera pas de filière recherche,
- des pôles d’excellence, courtisés parce qu’hébergeant des activités de recherche, dans lesquels les étudiants soigneusement sélectionnés recevront des enseignements de haute qualité.

Les coûts d'inscription refléteront bien sûr la différence. La seule solution pour les étudiants sera alors de s’acquitter de frais d’inscription plus importants pour suivre la formation qu’ils souhaitent et de faire un certain nombre de kilomètres pour rejoindre l’Université de leur choix. A moins que la double filière ne se fasse au sein de la même université comme cela s'est produit à Paris II en Droit et se profile dans d'autres Universités (5).

Dans ce contexte, l'empressement de la part des membres du Conseil d’Administration est incompréhensible pour une part importante des personnels de Nancy 2. Il est d'autant plus surprenant que l’on sait, de toute façon, que toutes les Universités seront soumises aux RCE au 1er janvier 2012.

Etait-il alors vraiment indispensable d’engager aussi rapidement l’Université dans cette voie ? Que peut apporter à l'Université cette anticipation sur le passage aux RCE ?

Par ce courrier, nous souhaitons exprimer collectivement nos interrogations, et rappeler leurs responsabilités aux membres du CA, élus et nommés : ils sont comptables de ce qu’ils votent et de ce qui en découle.

Signataires : Catherine Abadie-Reynal, Virginie André, Christophe Benzitoun, Yann Boniface, William Charton, Jeanne-Marie Debaisieux, Catherine Delesse, Paul Dirkx, Julien Dufour, Alain Dutech, Vincent Ferry, Renaud Garcia-Bardidia, Sylvie Grand'Eury-Buron, Nicolas Grégori, Jean-Pascal Higelé, Evelyne Jacquey, Lionel Jacquot, Lucie Kempf, Jean-Luc Kop, Yannick Llored, Jean-Francois Mari, Catherine Martin, Philippe Nabonnand, Brigitte Natanson, Marie-Sol Ortola,
Philippe Raguénès, Manuel Rebuschi, Marie-Noëlle Riboni, Joseph Romano, Vincent Thomas, Jocelyne Tournois, Jeremy Tranmer, Françoise Willmann.


1 Voir à ce sujet la critique de la CPU à l’adresse : http://www.educpros.fr/detail-article/h/70a32fc1b7/a/budget-2010-
pour-les-universites-les-interrogations-de-la-cpu.html
2 Voir à ce sujet les articles du Guardian et du NY Times qui porte sur la situation des Universités de Californie :
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/cifamerica/2009/sep/30/california-university-berkeley-budget-protest
http://www.nytimes.com/2009/09/25/education/25calif.html
3 Pour cette année, la moyenne du coût d’inscription pour la licence (undergraduates) est de $8,720.
4 Pour rappel, en France, il y a en moyenne 1 biatoss pour 36 étudiants alors que la moyenne des pays de l’OCDE est de 1 biatoss pour 7,5 étudiants !
5 Voir à ce propos les informations à l’adresse : http://www.fabula.org/actualites/article33550.php
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