Lettre ouverte à Madame Pécresse, lors de l'occupation de l'ENA du 16 mars 2009.
Madame Pécresse,
Nous aussi pourrons dire que nous avons fréquenté l’Ecole Nationale d’Administration, ses fauteuils
bleus en velours aux couleurs de l'Europe, son grand écran, et ses caméras, son jus d’orange de
marque, son architecture monumentale et raffinée, son wi-fi.
Cette école sert à former tous les cadres des partis politiques, des
ministères et différentes administrations. Elle contribue à renforcer la
noblesse d’état et ceux pour lesquels elle travaille. De même elle organise la
reproduction de la classe dominante aux frais du contribuable.
Vous et Bruno Julliard, ex-président de l'UNEF, aviez prévu ce lundi 16
mars
à l'ENA une conférence intitulée "A quand une université efficace ?".
Malheureusement, vous n’étiez pas au rendez-vous à ce débat, prévu sans
universitaires, est-ce bien légitime? Où avez-vous fui ? Nous
attribuons votre absence au fait que les syndicats qui se chargent de
négocier en
notre nom oublient ici et là nos revendications.
Les réformes actuelles de l'université, notamment la
LRU, qui s'inscrivent dans les processus de Bologne et Lisbonne, détruisent
radicalement l'université depuis quelques années. Nous sommes solidaires des
luttes à l’étranger des étudiants, chômeurs, sans-papiers et travailleurs de
tous les pays.
Le chemin de ces réformes est de nous imposer la compétition, l'endettement
à vie, la marchandisation, la sélection des savoirs, des compétences et des
enseignements soi-disant rentables, choisis par les entreprises, tout cela
étant incompatible avec la production et la diffusion du savoir.
Plus de la moitié des étudiants travaillent pour financer leurs études :
nous ne voulons plus être de la chair à patron. Nous refusons le diktat de l’efficacité
et de la rentabilité. Nous dénonçons les inégalités profondes qui structurent l’enseignement
supérieur français : la disproportion des moyens investis dans les grandes
écoles et les universités est inacceptable.
Nous revendiquons la liberté de nous former de manière non-professionnelle,
de nous former gratuitement et librement.
NON!
L'université ne sera pas « efficace » puisque vous entendez
rentable économiquement. Pour cette raison nous exigeons l'abrogation de la
LRU.
ENSEMBLE enseignant-e-s, étudiant-e-s, chercheurs-euses, sans-papiers, invisibles,
nous occupons temporairement et utilisons l'ENA pour contrer la politique
désastreuse du gouvernement.