Nico37
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 | | Sujet: Texte du 18 mai Sam 23 Mai - 9:57 | |
| - Citation :
- Nous, du Collectif Univers.Cité pour certains, enseignants-chercheurs, étudiants, BIATOS, nous réaffirmons notre attachement à notre Université de Lettres et Sciences humaines et nous rappelons que nous nous mobilisons pour la défendre et la faire vivre, pour faire reconnaître les valeurs qui sont les siennes, en lesquelles nous croyons et qui donnent à notre détermination toute sa force. Ces valeurs sont indiquées par et dans son nom : « Universitas », c'est-à-dire universalité, totalité, ensemble.
Nous étions un millier environ en AG le 11 mai 2009 lorsque cette AG a exprimé nettement, sans nulle ambiguïté de formulation et à la quasi unanimité son opposition à la loi LRU (Pour ou Contre la loi LRU : 8 voix POUR, 4 NPPV, 4 Abst.).
Cette opposition à la loi LRU est sans cesse exprimée, par tous, à Lille3 comme dans nombre d'Universités en France, depuis sa promulgation le 11 août 2007 ― loi LRU : Loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités, au sens que donne à ces mots Madame La Ministre Valérie Pécresse.
Nous réaffirmons notre opposition à cette loi parce qu'elle prive, en réalité, notre Université de sa liberté et de ses responsabilités, parce qu'elle met en place un dispositif qui creuse des inégalités entre établissements, des inégalités entre laboratoires, des inégalités entre enseignants, des inégalités entre étudiants, des inégalités entre personnel BIATOS. Nous continuons à nous mobiliser parce que cette loi crée une université à deux étages: en bas, un collège universitaire, la licence, qui n'aura plus qu'une dimension sociale de proximité, et que les étudiants en difficultés ne pourront même pas fréquenter et en haut un enseignement et une recherche d’élite financés par des institutions privées et des droits d’inscription élevés pour des étudiants solvables.
Nous continuons à nous mobiliser parce que cette loi oblige l'Université à s'inféoder à des entreprises, qui assureront leur productivité et leur rentabilité en finançant certaines recherches universitaires. Ces entreprises deviendront en arrière-plan les véritables employeurs des enseignants-chercheurs, du personnel BIATOS, qu'un Président d'université devra mettre au pas. Nous continuons à nous mobiliser pour que le savoir ne soit pas une monnaie d'échange, pour que le savoir ne devienne par le pur produit d'une logique gestionnaire, d'une logique meurtrière dont le maître mot est “évaluation”.
Nous continuons à nous mobiliser pour que certains savoirs, dont la mort, non encore toujours annoncée mais programmée, pour que ces savoirs vivent ou revivent et fassent vivre notre pensée. Ici, à Lille 3, la LRU, par le biais de l'évaluation, par le biais de la Présidence a déjà fait connaître, cette année, cette semaine, la condamnation à mort de certains savoirs comme par exemple, la psychopathologie clinique et la psychanalyse qu'elle a offerts en sacrifice au pied de l'autel de son pôle d'excellence. Ici comme ailleurs, la place laissée à la littérature, à la philosophie, à toute discipline non directement utilisable en termes de profit, cette place serait dès la rentrée 2010, avec les nouvelles maquettes LRU, considérablement réduite en quantité et en qualité.
Nous continuerons à défendre ce lieu, pour qu'il advienne comme lieu inédit de savoirs pluriels et de création, un lieu d'énergie et d'espoir dans lequel nous continuerons à dire NON à la loi PECRESSE. Nous continuerons à dire non à une loi qui diminue le pouvoir des conseils et augmente celui de la présidence au mépris des règles démocratiques. Nous continuerons à dire non aux paradoxes qu'elle génère et qui nous font taire, non à cet écart irréductible qu'elle creuse entre l'enseignement et nos recherches, non à l'exploitation des personnels BIATOS, appelés à participer à ce projet assassin, non à la liquidation de la pensée qu'elle met en place chez nos étudiants, non à la plus grande catastrophe scientifique et culturelle de tous les temps qu'elle entraîne.
Dans ce combat que les étudiants mènent avec nous, nous avons découvert la richesse de leurs pensées et la fécondité de leurs travaux, leur plaisir d'apprendre et de penser, leur capacité à redonner à ce qu'ils vivent, que l'on nomme expérience, du sens. Nous avons entendu leur volonté de restituer à cette université son âme et de participer à la rendre vivante mais nous avons aussi entendu leur désarroi face aux injonctions de ceux qui la gouvernent et de certains de leurs enseignants, nous avons entendu aussi leurs préoccupations et l'inquiétude des étudiants mobilisés et non mobilisés, face à la non-obtention de leur diplôme ou à la non validation de leur année, condition pour la plupart indispensable à la poursuite de leur aventure universitaire.
Car c'est également par la rencontre avec les étudiants, mobilisés et non mobilisés, par le dialogue qu'ils nous ont permis d'instaurer avec eux, par la compréhension qu'ils ont, eux aussi, eux comme nous, de cette situation dramatique et historique, que nous avons appris ce que “défendre l'université” veut dire.
Aux étudiants, aux enseignants-chercheurs, aux personnels BIATOS, nous réaffirmons notre engagement auprès d'eux, nous réaffirmons notre fidélité à notre parole et aux actes qui l'accompagnent.
Nous proposons :
* de continuer à nous mobiliser aujourd'hui et demain, pour dire non à la loi LRU mais oui à la liberté et à la responsabilité de cette université, ici, à Lille 3, Université de Lettres et de Sciences Humaines ;
* de maintenir le blocage et le blocage contre la loi LRU et tout ce qui peut la représenter, de lui en interdire l'accès définitif avec sérénité mais détermination et d'investir cette université pour l'aider à rester libre et responsable. Nous appelons à ce blocage jusqu'à ce que notre Université puisse fonctionner totalement affranchie de cette loi.
Nous proposons ici, à Lille 3
- A partir de ce blocage à l'adresse de la LRU et à partir de celui-ci seulement, la non-tenue des examens fixés par le dispositif PECRESSE qui pénalise certains étudiants et, proposons parallèlement, la création d' un cadre nouveau qui nous permettra d'enseigner, qui leur permettra, à eux, d'apprécier l'enseignement qui leur aura été transmis par des modalités que nous aurons pensées ensemble, à partir de cette AG, à partir de ce blocage.
Dans cette perspective, nous demandons aux étudiants de cette AG à inviter les enseignants à réfléchir avec eux, à dialoguer avec eux pour leur faire part de leurs préoccupations, de leurs objectifs, de la façon dont l'acquisition des connaissances pourra être vérifiée.
Nous invitons les étudiants, les enseignants, les personnels BIATOS de cette AG à proposer des délégations pour construire dans chaque UFR des modalités de validation de l'année qui seront adaptées à chaque situation. Nous invitons les étudiants, les enseignants-chercheurs, le personnel BIATOS, après cette validation, à revisiter le champ des possibles de cette Université pour être partie prenante dans l'histoire inédite qui va être la sienne et que nous écrirons ensemble pour créer l'université de demain.
Texte lu par Rosa Caron à l'AG étudiants/ensiegnants/BIATOS du 18 Mai 2009
Collectif univers.cité. (Lille3) | |
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