voici un article intéressent sur la relation entre le mouvement anti LRU et la presse. Je sais qu'on en a déja parlé dans un autre sujet mais je ne retrouve pas lequel donc je préfère en créer un
Relents d'omerta sur
l'Université
http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2008/01/relents-dormeta.html
Le
mouvement étudiant a été réduit au “blocage”, l’information sur les
interventions policières a été scandaleusement insuffisante, les prises de
position syndicales ont été peu relayés», accuse Françoise Asso, écrivain,
maitre de conférences de Littérature française à l’Université de Lille 3, et
membre du Collectif Sauvons l'Université. Au delà d'une
forme de censure, l'équipe de Nicolas Sarkozy impose son désintérêt aux acteurs
sociaux.
Françoise Asso. «Qui a lu, qui a pu lire le texte
de loi sur les Libertés et Responsabilités des Universités ? Qui a lu sa
première mise en œuvre, rendue publique le 13 décembre, le “Plan pour la
réussite en licence” ? Qui a lu la lettre de mission de Nicolas Sarkozy à Xavier
Darcos portant sur la réforme de l’Enseignement secondaire ? Qui a lu, à défaut
des documents précédents, les réelles analyses (elles existent) de ceux-ci ?
Qui, mis à part des étudiants et des enseignants, peut savoir réellement ce que
signifie la vaste réforme de l’Enseignement qui se met en place, réforme à
laquelle il y a une opposition non négligeable, mais une opposition qui n’est
évoquée dans les médias, quand elle l’est, que comme le fait d’une minorité de
“gauchistes”, ou comme la preuve une nouvelle fois donnée du “conservatisme”
bien connu des enseignants, opposés par principe à toute réforme ?
La responsabilité des médias dans l’ignorance de
ce qui se passe là, et qui en principe intéresse tout le monde, cette
responsabilité est indéniable. Quelques-uns la perçoivent intituivement mais ne
savent pas toujours comment faire pour savoir vraiment de quoi il retourne ;
quelques-uns la dénoncent, ceux qui savent : mais ils n’ont, forcément, pour la
dénoncer que des espaces privés ou des lieux d’information “alternatifs”, ces
lieux mêmes qui ne sont hantés que par eux et leurs semblables : c’est donc
entre gens déjà “informés” que, sur Internet, sur les sites de “Sauvons
l’Université” et de “Sauvons la Recherche” en particulier, s’échangent des
renseignements sur le travail de “désinformation” auquel se livrent la radio et
les journaux — et même ceux dont on pouvait attendre qu’ils donnent aux
opposants à cette loi une parole au moins égale en quantité à ceux qui la
défendent et en prônent l’application.
Il faut donc aller sur le site de “Sauvons
l’Université” pour lire, par exemple, la réponse précise et argumentée de
quelques universitaires à un article d’Alain Renaut publié dans Le
Monde (réponse que le journal a refusé de publier), article dans lequel il
se demandait pourquoi le principe de “l’autonomie” apparaissait en France comme
une menace pour les valeurs démocratiques. Il faut aller sur ce même site, ou
sur ceux de “Sauvons la Recherche” et de ”L’Autre campagne”, pour voir le film
de Thomas Lacoste, “Universités, le grand soir”— film qui devrait être diffusé à
la télévision à une heure de grande écoute, voire à la place du Journal
télévisé, lequel n’informe plus de rien depuis longtemps (les exemples sont
innombrables).»
« Parallèlement à ce silence sur la loi elle-même
et sur les raisons profondes de l’opposition à celle-ci, la radio et les
journaux ont un peu parlé de “la situation dans les universités” : à de
rarissimes exceptions près (comme telles inoubliables, mais qui ne contrarient
pas, étant donné leur rareté, la tendance générale), n’a été évoqué que le
mouvement étudiant, lequel a été réduit au “blocage” ; l’information sur les
interventions policières a été, au mieux, scandaleusement insuffisante ; quant
aux menaces et pressions diverses dont certains étudiants et certains membres du
personnel ont pu être l’objet ici et là, il n’en a pas été question ; enfin,
pour ce qui est de l’opposition des enseignants, les médias agissent d’une
manière qui n’est pas sans rappeler le comportement du Ministère : tout comme
celui-ci ne reconnaît comme interlocuteurs que les syndicats — ce qui ne
signifie pas qu’il les écoute —, la presse et la radio ne rendent compte, de
manière parcimonieuse, que des prises de position syndicales, en les limitant de
surcroît à des revendications “corporatistes”.
Parler de censure à propos de ce silence
ou de cette manipulation de l’information serait inexact. On sait que le Pouvoir
en place depuis quelques mois peut pratiquer la censure, mais celle-ci ne
s’exerce évidemment qu’à l’égard de ce qui intéresse ledit Pouvoir. Or, à
l’évidence, celui-ci ne s’intéresse absolument pas à ce que disent et pensent
enseignants et étudiants, non plus qu’à tout ce qui peut se dire ici et là qui
ne serait pas conforme à la vision du monde et au système de valeurs de Nicolas
Sarkozy et de ceux qui travaillent pour lui. Il est probable que ce désintérêt
est fondé sur la certitude ou le sentiment que les médias s’en désintéressent
également. Nous sommes donc arrivés à un point qui se situe, en termes de
désinformation, bien au-delà de ce qu’on appelle “censure”, celle-ci supposant
en effet qu’il y ait, face au Pouvoir, une puissance à même de s’y opposer, et
qui publie, tente de publier des articles, des textes, des livres susceptibles
de déranger.
D’où vient que les journalistes ne se sentent pas
concernés par la disparition de l’Université comme lieu de recherche, par la
disparition programmée de certaines disciplines considérées aujourd’hui comme
“inutiles”, celles qui aident et donnent à penser ? d’où vient que,
comme le Président et son équipe, ils ne prêtent aucune attention aux propos de
ceux qui dénoncent cette loi et ses dangers, tant sur le plan de la
“gouvernance” que sur le plan des missions de l’Université ?
A ces questions, qui peuvent sembler rhétoriques,
il y a des réponses : on les trouve dans les livres, et grâce à eux.»
http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2008/01/axel-krauze-la.html