Nous n'étions que 450-500 environ, certes. Nous avons repoussé l'outil de lutte du blocage jusqu'à nouvel ordre, certes. Nous constatons la fin de la grève dans la SNCF, certes. NEANMOINS. Cependant, l'occupation est maintenue quoiqu'il arrive.
Le retrait des vigiles a été obtenu jusqu'à un nouveau blocage qui viendra certainement et nécessairement la semaine prochaine ou celle d'après au plus tard. Ce qu'il y avait de positif dans cette AG : l'apparition de plus en plus décomplexée des profs, qui ont pris la parole à plusieurs reprises, soutenant totalement notre mouvement, appelant à la reprise du blocage quand le moment stratégique sera venu et à l'abrogation de la loi. Le SNE-SUP s'est également fait le porte-parole des nombreux profs indignés et révoltés des méthodes de la présidence et de certaines opérations musclées et injustifiées des vigiles la semaine dernière (deux étudiants identifiés "bloqueurs" par exemple, ont été expulsé de leurs cours après l'intrusion des vigiles pendant le cours même (d'arts plastiques) afin de les virer) ; attaque assez directement la présidence pour son contrôle de l'information au sein de l'université et de sa volonté d'étouffer le mouvement qui cherche à se massifier de nouveau. La stratégie actuelle adoptée est la
massification du mouvement par un tractage continu, notamment dans les
lycées qui rejoignent le mouvement de plus en plus spontanément (environ 80 lycées "perturbés" comme on aime à dire (c.a.d avec AG, manifs etc.) et plus d'une 30aine plus ou moins bloqués). Demain, manif à 14h30 (départ à l'Esplanade) où l'on attend du monde. Notre nouvelle date-clé est la journée d'action nationale du 4 décembre censée redonner un second souffle au mouvement.
L'AG a notamment discuté de la position ambiguë de l'UNEF vis-à-vis du mouvement, ceci sachant que la Coordination Nationale de ce week-end à Lille ainsi que de nombreuses AG locales (dont Toulouse et Aix) ont voté purement et simplement l'éjection de l'UNEF du mouvement en tant que UNEF. Nous ne voulons pas de pseudos-spécialistes de la lutte. Le combat social n'est pas un métier, nous ne sommes pas des fonctionnaires de la grève, et nous avons beau revendiquer la structuration du mouvement, cela n'est pas synonyme de rigidité. La lutte doit être en perpétuelle dynamique, spontanée, et stratégique. Il ne s'agit pas de processus, il n'y a pas de mode d'emploi de la révolution à suivre, TANT QU'ON PEUT ON DOIT. Comme disait le Che : il ne faut pas attendre que toutes les conditions soient réunies, il faut les créer. Aussi, nous avons compris cela : il n'y a pas deux tendances exclusives à se quereller. Celle qui dit que la mobilisation permet
l'action et l'autre que l'action permet la mobilisation. C'est un faux débat : il ne faut pas chercher à massifier pour massifier, ni modérer nos revendications pour fédérer. C'est par l'action que les gens viendront gonfler nos rangs et c'est en gonflant nos rangs que nous pouvons lancer de nouvelles actions plus osées. Dans tous les cas, il n'y a pas à attendre et rien n'est une fin en soi, tous les outils de lutte sont complémentaires : le tractage ne doit pas exclure la manif sauvage, la manif sauvage ne doit pas exclure la manif encadrée, le débrayage ne doit pas exclure le débat, etc. Stratégiquement donc, une nouvelle maturité politique se développe. Ainsi, au lieu de chercher à courir exclusivement vers les gens "démobilisés" afin de les rallier à nous est, ici de mon point de vue personnel, une perte d'énergie : ils viendront s'ils sentent que ça vaut le coup. Pour cela, il faut creuser au maximum de nos possibilités avec ceux qui sont déjà là, ce qui
n'exclut pas d'ailleurs de courir après les autres. C'est juste qu'il ne faut pas perdre de vue qu'il faut aller aussi loin que l'on peut avec les forces déjà présentes. Sans quoi, on court à notre perte. Heureusement, cela semble être compris et s'effectuer. Qu'est-ce qui fait que le mouvement dans son ensemble donne l'impression (et juste l'impression) de stagner, c'est la pression de désinformation médiatique et l'ambiguité des directions syndicales : tantôt l'UNEF se désolidarise, tantôt elle appelle à amplifier le
mouvement, tantôt on est la Une du JT tantôt on n'existe plus dans aucun média. Il faut donc apprendre à se défaire de cela. On ne doit pas courir après les médias, on ne fait pas de "revolution academy" ni du grève-spectacle. A ce stade, si l'on tracte au lieu de bloquer la gare, cela ne veut pas dire que le mouvement meurt, mais qu'il se réfléchit. Un atout fondamental, c'est qu'on cesse les pseudos-identifications réductrices, on ne se présente plus par un je-suis défini et figé : je-suis UNEF, je-suis CNT, je-suis bloqueur ; au contraire enfin le mouvement parle au nom de lui-même et pour lui-même. La délégation qui a été "discuté" avec la présidence n'a fait que jouer le jeu, évidemment rien de précis n'a abouti : le président promet de retirer les vigiles tant qu'il n'y a pas de blocage, ceci
alors que nous ne pouvons évidemment pas promettre la fin de toute action de blocage ultérieure. C'est absurde. Nous refusons de rentrer dans la logique qui tend à désaxer le débat du fond de la lutte sur ses formes possibles.
La répression, nous le savons, depuis le début du mouvement, est extrêmement forte : tant administrative que policière. Le silence médiatique à ce sujet n'est pas surprenant. Des lycéens de Montreuil matraqués en manif sauvage au matraquage des lycéens de St Avold qui ont bloqués les axes de communication de la ville (semaine dernière), de l'occupation du site de la Sorbonne par les gendarmes mobiles aux affrontements entre étudiants et CRS un peu partout (notamment à Tolbiac encore ce matin, où une évacuation des grévistes par les CRS a donné lieu à de violentes frictions), il faut se dire que c'est à nous de trouver notre propre système d'information et de diffusion. Il faut créer notre propre information ouverte au public, ce qui est la tentative honorable d'Indymédia par exemple dont l'influence ne cesse de croître. Personnellement, je soutiens la position de plusieurs AG en France qui ont voté le non-accès des médias bourgeois aux AG, car ils déforment le contenu des débats et nous devons nous soumettre à ce qu'ils veulent bien faire passer en prioritaire dans ce qui doit se dire et se voter (exemple récurrent du blocage, du vote à bulletin secret, etc). Ce mouvement, comme tous les précédents et tous ceux à venir, doit être un mouvement d'émancipation. Ce à tous les niveaux.
Toujours est-il que demain, manif. A partir d'aujourd'hui, tractage et débrayage quotidien dans les lycées, et nous appelons à ce que profs et personnels viennent encore plus nombreux en AG et qu'ils n'hésitent pas à prendre position comme cela commence à se faire. Un mouvement qui se maintient dans son principe unilatéralement étudiant est voué à pourrir et mourir. QUE TOUTE LES AGENTS DE LA COMMUNAUTE UNIVERSITAIRE VIENNENT GROSSIR LES AG ET EPAISSIR NOTRE PAROLE. Là alors, on pourra
parler de massification et de durcissement effectif du rapport de force
engagé.
Nous sommes toujours là, le mouvement s'élargit partout, plus que jamais la lutte doit continuer.
gui-toto
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=90280
