Entre les socialistes et Besancenot, le PCF ne trouve plus sa place
LE MONDE | 17.09.07 | 14h48 • Mis à jour le 17.09.07 | 14h48
La fête de L'Humanité, les 14, 15 et 16 septembre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) , a été un succès. La direction du PCF peut respirer : avec un nombre d'entrées "supérieur" aux 500 000 revendiquées en 2006, Marie-George Buffet a assuré que le "premier rendez-vous de la gauche" était réussi. Mais les inquiétudes sur le parti après la débâcle électorale lors de la présidentielle sont toujours très prégnantes au sein des troupes communistes.
L'étude que l'institut IFOP vient de publier ne risque pas de les rassurer. Réalisée à partir d'un cumul des enquêtes sur la "proximité politique", effectuées de janvier à août, et des vagues des baromètres de l'institut, elle vient confirmer que l'espace électoral du PCF s'est réduit à sa plus simple expression. Ainsi, selon l'IFOP, 19 % de l'électorat de Robert Hue, candidat communiste à la présidentielle de 2002, a voté pour Ségolène Royal en 2007, et 10 % lui ont préféré le candidat de la LCR.
Les électeurs communistes ont été particulièrement sensibles à la consigne donnée par la candidate socialiste de ne pas disperser les voix de gauche au premier tour.
Coincé entre un PS qui lui a longtemps disputé l'hégémonie à gauche, avant de la lui ravir
définitivement, et une extrême gauche qui lui a chipé son positionnement contestataire, le PCF n'existe donc plus que de manière marginale. Le déclin électoral, entamé depuis 1981, s'observe dans tous les départements et toutes les catégories sociales, y compris dans les couches populaires et chez les jeunes.
"NO MAN'S LAND POLITIQUE"
"Nous sommes dans une espèce de no man's land politique", admet l'historien communiste Roger Martelli qui vient de publier Refondations, pour une nouvelle force à gauche (éditions Regards, 9 euros). L'analyse est partagée par Patrice Cohen-Seat, conseiller politique de Mme Buffet : "Nous avons été siphonnés par ce double mouvement de vote utile par défaut et de vote de colère."
Tout se passe comme si le PCF mobilisait encore dans les luttes sociales, attirait des milliers de personnes dans une fête populaire, mais n'apparaissait plus utile dans les urnes. "Les jeunes ouvriers peuvent se sentir chez eux comme nulle part ailleurs à la fête de "L'Huma" mais ne votent plus communiste parce cela ne leur paraît plus efficace pour la gauche, résume M. Martelli. C'est une réalité que le PCF a du mal à admettre."
Comment redevenir "crédible" et enrayer le déclin ? La question alimentait tous les débats officiels et informels du rendez-vous communiste. Entre partisans d'un "relookage" d'un PCF défendant seul ses options et les tenants d'une ligne d'ouverture vers une "nouvelle force politique", le débat en perspective du congrès extraordinaire des 8 et 9 décembre est engagé. Et les divisions internes vont désormais se faire entendre.
Sylvia Zappi
