La situation à la faculté de Paris-X-Nanterre était tendue mardi en milieu de matinée, où les forces de l'ordre ont dégagé par deux fois à la matraque les accès à un bâtiment bloqué par des étudiants grévistes, afin de permettre l'entrée d'étudiants non grévistes. Selon un étudiant joint par Liberation.fr, des étudiants grévistes bloquant un autre bâtiment, celui de droit, étaient encore «encerclés» par les CRS, peu avant midi. A l’intérieur de la fac, les étudiants anti-blocage tenteraient quant à eux de faire une AG.
Intervenus à la demande du président de l'université, les CRS ont d'abord délogé vers 10 heures à coups de matraques entre 100 et 200 étudiants qui bloquaient l'entrée d'un bâtiment de la faculté de Paris X-Nanterre. «Les CRS ont décidé de charger. Ils nous ont matraqué et ils ont utilisé un peu de gaz lacrymogène. Il y a eu une grosse bousculade. Les CRS ont ensuite coupé à coup de tenaille les chaînes que nous avions placées sur les portes,» raconte Rémy Guillot, de Sud-étudiant Nanterre. Le blocage avait été voté la veille en assemblée générale, par cent voix d’écart, lors d’une AG houleuse entre pro et anti-blocage.
Une trentaine d'antibloqueurs ont pénétré alors à l'intérieur du bâtiment sous la protection des forces de l'ordre, alors que des professeurs
se trouvaient déjà à l'intérieur. A ce moment-là quelques bloqueurs ont lancé des poignées de terre sur des étudiants hostiles au blocage dans un climat d'invectives, provoquant une nouvelle intervention des forces de l'ordre. Des coups de matraques ont volé et une étudiante a été touchée au dos, provoquant sa chute, sans conséquence apparemment.
Face à face entre pro et anti-blocage
Alors que les forces de l'ordre prenaient la place des bloqueurs, une foule d'environ 500 personnes regardaient la scène sans intervenir, exprimant des sentiments partagés : beaucoup de jeunes gens souhaitaient pouvoir assister à leurs cours tandis que d'autres critiquaient vertement l'intervention policière. «Bloqueurs, hors des facs» , «liberté d'étudier» a-t-on entendu d'un côté tandis que retentissait de l'autre «police partout, justice nulle part» et «police hors des fac.»
Dès le matin 8 heures, des étudiants avaient bloqué les bâtiments
de droit et d’économie. Un face à face s’en est alors suivi, entre pro et anti-blocage, ces derniers organisant à l’extérieur un vote à bulletin secret avec une urne en carton. «Un attroupement d’étudiants, parmi lesquels des membres de l’Uni, nous ont fait face aux cris de "stop la grève". Ça s’est échauffé verbalement. Les vigiles de la fac sont intervenus», selon l’étudiant de Sud. Les CRS sont ensuite arrivés, en se plaçant entre nous et les anti-blocage. Ils ont ensuite chargé.»
Une conseillère générale communiste, Michèle Fritsch, est venue sur place où elle a eu une explication avec le chef de la police dans les Hauts-de-Seine Christian Sonrier, exigeant le retrait des forces de l'ordre du campus. Celui-ci a indiqué que la police était intervenue à la demande du président de l'université, Olivier Audéoud et il a ajouté: «On use de la force nécessaire et suffisante.»
source : http://www.liberation.fr/actualite/societe/291095.FR.php?rss=true