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 "Nous décidons nous-mêmes ce qui est pour nous victoire ou défaite"

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AuteurMessage
Julien




Masculin Nombre de messages : 84
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Date d'inscription : 01/03/2009

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MessageSujet: "Nous décidons nous-mêmes ce qui est pour nous victoire ou défaite"   "Nous décidons nous-mêmes ce qui est pour nous victoire ou défaite" EmptyMar 16 Juin - 11:06

Nous décidons nous-mêmes ce qui est pour nous victoire ou défaite.

Un texte de Denis Guedj.


Historique ! Un mouvement débuté juste après le Jour de l’An, qui se poursuit jusqu’aux vacances d'hiver, persévère jusqu’à Pâques, traverse avec légèreté trois « ponts » successifs, Ascension, Armistice, Pentecôte. Qui le mènent, toujours aussi obstiné, jusqu’à l’orée de l’été.
Une demi-année ! Qui l’aurait imaginé?

Cette durée inédite [1] est en soi une victoire, elle donne la mesure de notre engagement et de notre persévérance. Les pressions, les chantages, la désinformation, les articles assassins, sans compter les gesticulations des bouffonnes associations de parents d’étudiants (sic) [2], n’y ont rien fait. Nous n’avons pas cédé, ils ne nous ont pas réduits. Mais ils n’ont pas reculé d’un décret. C’est cela qu’il nous faut gérer.

La plus grande richesse d’un mouvement réside dans les individus qui le composent. Nous ne disposons ni d’argent, ni d’armes, ni des lieux de pouvoir, ni des lieux d’information, nous sommes notre seule force. Nous avons pour nous notre intelligence, notre créativité, notre imagination, notre obstination, notre refus intransigeant de nous soumettre à des coups de force contre la pensée.
Cette richesse, il nous faut la protéger en veillant à ce que les combats que nous menons ne nous affaiblissent pas, mais au contraire nous renforcent humainement, philosophiquement et politiquement.
Hormis les « revendications » [3] , qui s’adressent à l’adversaire, une lutte a principalement pour objet de nous donner toutes les raisons de poursuivre le combat entamé et de ne pas laisser se rompre les solidarités et les amitiés tissées pendant et par le conflit.
Voilà pourquoi il est décisif que nous décidions nous-mêmes ce qui est pour nous victoire ou défaite. C’est-à-dire que nous décidions de « ce qui compte » POUR NOUS. Ce que je dis n’est en rien un renfermement sur nous, mais une affirmation que nous sommes la source des luttes que nous menons.

Le maintien des décrets ne signe en rien une défaite du mouvement, ceux qui espéraient que la reprise des cours et des examens mettrait fin aux mouvements, n’ont vraiment rien compris. Grève, blocage, examens, rétention des notes, refus de participations aux jurys étaient des figures circonstanciées de notre lutte. Nous ne sommes pas fétichistes.

Dès janvier, nous savions que le gouvernement ne reviendrait pas sur ses décrets et que ce qu’il désirait avant tout était de nous infliger une défaite radicale pour mater enfin ce monde universitaire et de la recherche non pas rebelle, oh non ! mais rétif..
Il s’agissait d’un règlement de comptes avec un milieu social porteur de valeurs qui le dépassent. En agissant avec une telle haine, il perdait toute légitimité. Ce gouvernement n'est plus pour nous un interlocuteur valable. Ainsi, libérés d’avoir à attendre et à analyser ces gesticulations, nous avons pu mener nos luttes avec nos propres logiques, sereins, inventifs, finalement apaisés.

C’est la force de ce mouvement.

Le nombre et la diversité des acteurs.
Pour la première fois et de façon durable, toutes les composantes de
l’université, et des labos, enseignants, chercheurs, administratifs, étudiants, se sont unis et ont mené ensemble une lutte non corporatiste. Et, remarquable, la présence importante de retraités, qui, grâce à « l’ouverture » du mouvement, ont pu se l’approprier et trouver leur présence légitime dans ces combats. Ils étaient là, non par solidarité, mais en acteurs.

La dimension géographique.
Le mouvement a innervé le territoire entier. Pas une ville qui ne soit
« touchée ». Pas un établissement universitaire, pas un labo qui ne se
soit investi dans la lutte. Que d’enseignants, de chercheurs, d’étudiants, d’administratifs qui ont vécu là pour la première fois l’expérience grisante du combat social.

L’auto organisation du mouvement.

À aucun moment, nous ne nous sommes laissés déposséder de l’initiative
et des décisions à prendre. AG fréquentes, comité de grève, comité de
mobilisation, élection des délégués aux différentes coordinations. Aucun regroupement n’a chapeauté le mouvement, aucun syndicat n’a voulu ou pu négocier sans nous et contre nous. Qui peut citer le nom d’un seul leader? Les médias n’ont pas réussi à « isoler » l’un d’entre nous, pour en faire un leader qui leur aurait permis de placer le Un à la place du Nous. Est-ce une partie de l’explication de la pérennité, de l’obstination, de l’inventivité dont le mouvement a fait montre ? Porte-parole qui ne monopolise pas la parole, la Coordination Nationale des Universités renouvelée tous les quinze jours, réunie dans une ville différente qui assure son accueil, a pleinement joué son rôle.

L’incroyable inventivité des formes de lutte et de résistances.
Cours hors les murs, ligne de métro transformée en Amphi, la ligne 14 ! Les « Procès » de ministres. La Marche de Tous les Savoirs. La Nuit des Universités à Paris 8, le vendredi 12 juin.
Lancée par l’université de Pau, l’opération Escargot Electronique, partie à l’assaut des boîtes de courriers électroniques officielles, les ensevelit peu à peu sous un raz-de-marée de courriels de protestations. Les innombrables actes de désobéissance, de refus, 3000 instituteurs et directeurs d’écoles entrés en dissidence, les refus administratifs répétés.
Comme elle se l’était promis, la Ronde Infinis des Obstinés a repris ici ou là, intempestive. Sa mobilité focale a fait place à une mobilité géographique. Nous avons gagné une dimension. Nous tournons sur nous-mêmes ET dans la ville. Sur le parvis du Panthéon, à la BNF, aux côtés des bibliothécaires en grève, à Beaubourg pour accueillir les marcheurs obstinés partis de Chartres quatre jours plutôt. Nous girons rue de Grenelle, où gît le Ministère. DARCOS, ON TE VOIT ! Et dès mardi, durant cinq jours, du 2 au 6 juin, de 12h à minuit devant le Panthéon, pour une ronde « européenne » .
Sans oublier la méta ronde, la Ronde des Rondes, où par-delà la distance, dans une dizaine de villes, les Rondes ont tourné ensemble.
Que ces rondes ne cachent pas la forêt des actions multiples, singulières
qui fleurissent aujourd’hui dans des facs où les cours ont repris et où
les examens ont lieu. Qui imagine que l’été nous consumera et que nous
ne rependrons pas nos activités pour leur offrir une belle rentrée !

Le gouvernement a quelques soucis à se faire. Nous l’avertissons que cette lutte a produit des dizaines de milliers d’individus durablement engagés dans
la résistance, qui ont plus encore qu’avant un compte à régler avec lui
et avec la société qu’il veut nous imposer.

Serons-nous capables de poursuivre et d’amplifier notre lutte, de résister à leurs attaques, de ne pas nous défaire ? Serons-nous capables de résister aux sollicitations insidieuses et pleines de bon sens des « réformistes » toujours si réalistes, si pragmatiques, si ouverts, si modernes et qui toujours ont fini par nous faire un enfant dans le dos ? À travers cette lutte
collective, nous avons éprouvé ce que la lutte a de formateur, de mise
en pratique de l’amitié entre égaux. Et de plaisirs.

Denis Guedj (publié avec son aimable autorisation).


[1] Le mouvement de 68 n’avait duré que 5 semaines.
[2] Créées pour protéger les étudiants nian nian qui ont encore besoin de
leurs parents pour les protéger des méchants grévistes. La honte !
[3] À ce mot, préférons « exigences »
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