FORUM DE COORDINATION NATIONALE ETUDIANTE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
FORUM DE COORDINATION NATIONALE ETUDIANTE

Le lieu de convergence des informations sur les luttes.
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexionforum de la coordination lycéenne
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 [CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans..

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Nico37




Masculin Nombre de messages : 370
Age : 45
Date d'inscription : 05/07/2007

[CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans.. Empty
MessageSujet: [CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans..   [CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans.. EmptySam 6 Juin - 17:19

Citation :
Affaire Vincent GEISSER / Fonctionnaire sécurité de défense du CNRS : 5 ans de harcèlement sécuritaire

Je me nomme Vincent Geisser. Je suis chargé de recherche au CNRS (CR 1)
et président du Centre d’information et d’études sur les migrations
internationales (CIEMI). J’ai été recruté au CNRS en octobre 1999,
affecté à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et
musulman (IREMAM), localisé à Aix-en-Provence. Avant cette nomination,
j’étais chargé de mission au Ministère des affaires étrangères (MAE :
1995-1999), en tant que chercheur à l’Institut de recherche sur le
Maghreb contemporain (IRMC) de Tunis. Dans ce cadre, je dirigeais un
programme scientifique euro-maghrébin sur les migrations étudiantes et
intellectuelles dans le bassin méditerranéen, dont les résultats ont
été publiés en 2000 aux éditions du CNRS. C’est donc tout naturellement
que j’ai sollicité en 2003-2004, auprès des instances du CNRS, une «
Aide à projet nouveau », en vue de poursuivre mes recherches sur les
migrations intellectuelles entre l’Europe et le Maghreb, en
m’intéressant cette fois-ci aux chercheurs maghrébins ou d’origine
maghrébine travaillant pour les institutions publiques françaises
(université, CNRS et INSERM…). Il s’agissait pour mon équipe de faire
une évaluation scientifique rigoureuse de la contribution des «
chercheurs et des universitaires maghrébins » au rayonnement de la
recherche française dans le monde, en privilégiant les sciences
fondamentales. Ce projet a particulièrement intéressé les instances du
CNRS, puisqu’elles ont décidé de financer mon programme de recherche
APN à hauteur d’environ 20 000 euros. C’est précisément dans ce cadre «
APN » labellisé « CNRS » que nous avons lancé officiellement en avril
2005 notre enquête quantitative sur « les enseignants-chercheurs issus
des migrations maghrébines ».

Je tiens à préciser, toutefois, que nous avons débuté cette enquête
dans un climat assez lourd et passionnel. En tant qu’auteur de
l’ouvrage, La Nouvelle islamophobie, paru en septembre 2003 aux
éditions La Découverte et qui a connu une certaine médiatisation (10
000 exemplaires vendus), j’ai fait l’objet de nombreuses attaques
provenant de différents milieux, notamment de l’extrême droite. Ce
rappel permettra de comprendre beaucoup de choses et, en particulier,
la surveillance étroite dont j’ai fait l’objet de la part du
Fonctionnaire défense du CNRS.

En effet, c’est en septembre 2004 que se manifeste pour la première
fois le Fonctionnaire sécurité de défense (FD) du CNRS. Avant cette
date, je ne connaissais même pas son existence. Le FD adresse un email
au directeur de mon unité de recherche (IREMAM), lui faisant part d’un
certain nombre de problèmes inhérents à mon enquête. Il s’agit
officiellement de régulariser l’enquête auprès de la CNIL [Commission
nationale informatique et liberté]. Au départ, nous pensons que son
intervention dans le dossier est de nature purement technique, voire
juridique. En réalité, nous allons très rapidement nous rendre compte
des soubassements sécuritaires de l’affaire. Dans le même email, le
Fonctionnaire défense annonce que l’IREMAM va être prochainement classé
en « établissement sensible » et qu’il appartient au directeur de
l’Unité de lui fournir mensuellement la liste des stagiaires étrangers
hors-Union européenne. C’est devenu une pratique routinière des
directeurs de laboratoires du CNRS que de transmettre chaque mois la
liste des « étrangers » travaillant dans leurs murs. En somme, l’email
du Fonctionnaire défense tend à accréditer l’idée que notre enquête
sociologique - pourtant banale - constitue une enquête « sensible »
dans un établissement « sensible », touchant une population « sensible
», sur une zone géographique « sensible » (le Maghreb et le monde arabe
en général). Mais, il est vrai, qu’au départ, nous ne faisions aucun
lien entre l’objet de notre enquête - strictement scientifique - et le
« climat sécuritaire » qui commençait à gagner certaines institutions.
C’est la lecture a posteriori des correspondances email qui fait
apparaître ce « climat de suspicion » qui entoure notre laboratoire, en
général, et certains chercheurs, en particulier, notamment ceux qui,
comme moi, ont le « malheur » de travailler sur les questions d’islam,
d’islamisme et d’autoritarisme dans le monde arabe.

Dès lors, le Fonctionnaire défense ne me lâchera plus. A partir de
septembre 2004, il ne ce cessera de faire pression sur les instances
locales, régionales et nationales du CNRS afin de me limiter dans mes
activités scientifiques et intellectuelles, allant jusqu’à exiger des
sanctions à mon égard. Il se déplacera même à Aix-en-Provence, le 2
février 2006, pour m’inspecter, en présence du Directeur de mon unité
de recherche et du Délégué régional du CNRS « Provence ».
Officiellement, la visite du FD a un but purement technique, afin de
finaliser la mise en conformité de mon enquête avec les exigences de la
CNIL. Ce que je conçois tout à fait. Mais après deux heures d’examen,
le FD commence à me poser des questions précises sur le contenu d’un
certain nombre de mes écrits, conférences ou déclarations de presse. A
ma grande stupéfaction, je me rends compte alors que le Fonctionnaire
défense dispose d’un dossier complet sur mes activités publiques, y
compris des prises de parole à l’étranger dans le cadre du Conseil de
l’Europe. Il me demande de me justifier sur un certain nombre de prises
de positions, notamment mes critiques sur l’association « Ni Putes, Ni
Soumises ». L’examen technique du questionnaire (objet officiel de la
rencontre) se transforme en interrogatoire sur mes activités
scientifiques, philosophiques et politiques. De même, il met en garde
notre directeur d’unité sur les chercheurs signataires de certaines
pétitions et lui demande de les rappeler à l’ordre afin qu’ils ne
signent plus avec la mention « CNRS ». Je ressens personnellement un
profond malaise dans une situation où un simple entretien professionnel
se transforme rapidement en « interrogatoire politique ». A ma grande
stupéfaction, je découvre qu’un véritable système de fiches de
renseignements sur les chercheurs – ou, du moins, sur certains d’entre
eux - a été mis en place par le Fonctionnaire défense au sein même du
CNRS.

Alors que nous avions constitué un dossier de régularisation de mon
enquête auprès de la CNIL, celui-ci ne sera jamais transmis. Le 15 mars
2007, nous recevons un courrier officiel du secrétaire général du CNRS
nous demandant de « procéder à la destruction de tous les éléments
collectés dans le cadre de cette enquête ». Le secrétaire général du
CNRS se réfère à une jurisprudence de la CNIL et non à une décision
motivée par ladite commission. En somme, il semblerait que le dossier
n’est jamais été transmis à la CNIL, alors que tous les éléments de «
mise en conformité » avaient été envoyés et que le CNRS avait même
rédigé un projet de lettre à son président. Ni le directeur de
l’IREMAM, ni le responsable de l’enquête, n’ont été informés de cette «
mise en sommeil » unilatéral du dossier. Nous pensions sincèrement
qu’il était en cours d’examen à la CNIL. Cela confirme bien l’hypothèse
sécuritaire : il semblerait que l’action du Fonctionnaire défense
durant ces 4 années n’avait nullement pour but de m’assister
techniquement dans la procédure de légalisation de l’enquête mais tout
simplement de l’enterrer, sous prétexte que son auteur serait suspect
d’ « islamophilie » ou de relations de proximité avec les milieux
musulmans. Cette hypothèse m’est confirmée oralement par un collègue du
CEVIPOF, Vincent T…, qui dit avoir été consulté par le ministère de la
Défense sur mon enquête à propos du « risque » de constitution d’un «
lobby arabo-musulman » au sein du CNRS (sic). A ce moment, je me confie
à mes collègues chercheurs, ainsi qu’à un certain nombre de
spécialistes des enquêtes quantitatives qui me conseillent de réagir, y
compris en publicisant « l’Affaire ». J’avoue que pour protéger
l’institution et ne pas nuire à l’image du CNRS, je n’ai pas voulu en
faire une « affaire d’Etat ».

En juillet 2008, la directrice SHS (sciences humaines et sociales) du
CNRS, Marie-Françoise Courel, prévient oralement l’un de mes collègues,
directeur de recherche, que le Fonctionnaire défense veut obtenir des
sanctions à mon égard pour mes écrits d’opinion. La directrice SHS se
pose en médicatrice, en me prévenant officieusement par email des
pressions incessantes exercées par le Fonctionnaire défense sur les
instances du CNRS afin que je sois sanctionné. J’avoue que mon moral
est au plus bas et que, ce que je perçois comme un véritable «
harcèlement moral » finit par peser sur ma santé. J’hésite alors à
déposer plainte. Mais encore une fois, je ne veux pas nuire aux
intérêts de mon laboratoire et au prestige du CNRS qui, plus est, dans
une période de crise institutionnelle et de restructuration.

Le 4 avril 2009, j’adresse un message privé et personnel par email au
Comité de soutien de la jeune allocataire de recherche, « Sabrina ».
Dans le communiqué publié par ce Comité, il apparaît clairement que le
Fonctionnaire défense est intervenu directement pour obtenir le non
renouvellement de son allocation de recherche. J’avoue que la
modération dont j’avais preuve jusqu’à présent finit par céder, et ce
d’autant plus que je constate que le FD a fait une « nouvelle victime
». Il est vrai que dans mon message privé de soutien à Sabrina, je
comparais l’action sécuritaire du FD aux méthodes utilisées contre les
Juifs et les Justes. A aucun moment, je ne mets en cause le CNRS en
tant qu’institution scientifique. Je m’étonnais simplement que la
logique sécuritaire finisse par prévaloir sur la logique de la science
et de la diffusion du savoir. Toutefois, je tiens à rappeler que mon
email avait un caractère strictement privé, voire intime, et qu’il
n’était pas destiné à être publié ni sur un Blog, ni sur un quelconque
site Internet. C’est précisément pour cette dernière affaire que je
suis convoqué officiellement devant le « conseil de discipline » du
CNRS.

En réalité, ce qu’il faut bien appeler « l’Affaire Vincent GEISSER
» s’inscrit sur le long terme (2004-2009) et non simplement dans la «
temporalité » de ces dernières semaines, fruit d’une attitude de
suspicion et de pratiques concrètes de surveillance de mes écrits et de
ma pensée qui ont souvent frôlé le harcèlement moral et ont nui à mes
activités de chercheur et d’universitaire. Sur un plan plus général,
cette affaire traduit l’intrusion inquiétante de logiques policières et
sécuritaires au sein même des milieux scientifiques et universitaires,
dont la finalité est de contrôler la production et la diffusion du
savoir.

Citation :
Texte du Comité de soutien à V. Geisser, convoqué devant une commission de discipline du CNRS

LETTRE OUVERTE A MME VALERIE PECRESSE, MINISTRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

L’influence des savants et des intellectuels est certes quelque peu en
déclin dans notre nouveau modèle de société. Chercheurs, universitaires
et intellectuels n’en continuent pas moins de creuser leur sillon,
faisant fi du bruit et de la fureur extérieurs. Ce qui ne signifie pas
qu’ils vivent dans des bulles hors du monde. Au contraire, ils sont
plus investis que jamais dans la mission qui est la leur : contribuer
avec d’autres à apporter à leurs concitoyens cet élément de pensée
critique indispensable à la préservation de la démocratie. Grâce aux
réseaux qu’ils tissent par la circulation de leur pensée et de leur
parole, au-delà des préjugés, des mythes ou des frayeurs en vogue et de
leur instrumentalisation, ils n’ont de cesse d’agir au nom de la
liberté et de l’impartialité, quelles que puissent être par ailleurs
leurs éventuelles appartenances religieuses ou affinités politiques.
Nos sociétés, trop souvent soumises aux diktats des médias et de
l’internet, ont besoin de cette parole libre, au seul service des
principes de la démocratie, évoluant sans entraves et produisant du
savoir, de la connaissance et de la réflexion. Il se trouve que dans
notre pays la majorité des intellectuels appartient à la fonction
publique, ce qui ne signifie pas qu’ils soient de quelque façon
inféodés à des institutions ou au pouvoir politique, même s’il existe
certes parmi eux des intellectuels organiques. Si la liberté est
nécessaire pour penser et écrire, il va de soi que l’obligation de
réserve qui s’applique en général à certaines catégories de
fonctionnaires ne peut aucunement s’appliquer à leur cas, sauf à
n’attendre d’eux que la reproduction d’une doctrine officielle et
stérile. Aujourd’hui, la convocation devant une commission
disciplinaire, de notre collègue Vincent Geisser, chercheur au CNRS,
accusé ne n’avoir pas respecté cette « obligation », constitue un signe
supplémentaire et particulièrement alarmant de l’idée que les
institutions de notre pays semblent désormais se faire de notre rôle.
Devrons-nous donc soumettre nos articles, nos livres, nos prises de
position publiques à l’approbation de leur censure, alors qu’aucune
consigne ne devrait émaner d’elles si ce n’est celle de la rigueur
intellectuelle et de la créativité qui accompagne toute recherche ?
Quels compromis honteux devrons-nous accepter pour échapper à
l’humiliation d’un conseil de discipline ? La France, pays des droits
de l’homme et de la liberté d’expression, est-elle en train de perdre
son âme ? Comment continuer à faire notre travail, à assumer pleinement
notre vocation, sous la menace constante de la sanction ? Que
sommes-nous ? De simples courroies de transmission des idées qui ont
l’agrément de nos dirigeants et des institutions qui nous emploient, ou
des hommes et des femmes autonomes exerçant leur métier librement, en
toute responsabilité, en toute honnêteté, et au service d’une
recherche, d’une pensée et d’un savoir libres de tout carcan
idéologique, n’ayant d’autre limite que la considération du bien commun
? L’obligation de réserve ne peut en aucun cas valoir pour les
intellectuels, y compris lorsqu’ils sont fonctionnaires. Les y
soumettre revient purement et simplement à les faire disparaître comme
intellectuels, c’est ruiner la liberté dont ils ont besoin pour
continuer leur œuvre salutaire, indispensable à la vie normale d’un
pays politiquement sain, et qui a besoin d’eux pour son équilibre. Ce
qui arrive à notre collègue Vincent Geisser, qui a le malheur de
travailler sur l’islam, sujet brûlant s’il en est, est d’une extrême
gravité et interpelle tous les citoyens de ce pays. Le traitement
indigne auquel il est soumis est une honte pour la profession et pour
la France.

COLLECTIF POUR LA SAUVEGARDE DE LA LIBERTE INTELLECTUELLE DES
CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS-CHERCHEURS DE LA FONCTION PUBLIQUE
Revenir en haut Aller en bas
Julien




Masculin Nombre de messages : 84
Age : 27
Date d'inscription : 01/03/2009

[CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans.. Empty
MessageSujet: Re: [CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans..   [CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans.. EmptyDim 7 Juin - 11:54

salut nico,

je me trompe peut-être mais j'aurais plutôt mis ce sujet dans la partie "infos au niveau national"..

ma foi..
Revenir en haut Aller en bas
 
[CNRS] Affaire V. Geisser vs Fonctionnaire Défense : 5 ans..
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FORUM DE COORDINATION NATIONALE ETUDIANTE :: LUTTES AU NIVEAU EUROPEEN (ET INTERNATIONAL) :: L'ENSEIGNEMENT ET LA RECHERCHE-
Sauter vers: