3 000 "Conti" français et allemands manifestent à Hanovre
LEMONDE.FR | 23.04.09 | 14h03 • Mis à jour le 23.04.09 | 16h48
source : ICI
Environ trois mille salariés Continental, français et allemands, ont manifesté jeudi 23 avril à Hanovre, fief de l'équipementier automobile allemand, pour protester contre la fermeture programmée de deux usines en France et en Allemagne. Bertrand Bissuel, du service Economie du Monde, décrit le déroulement de cette manifestation :
Les manifestants se sont retrouvésdevant la salle où s'est réunie à partir de 10 heures l'assemblée générale des actionnaires de l'entreprise. En milieu de journée, une délégation de six salariés du site de Clairoix (Oise), arrivés le matin en train avec un millier de leurs collègues, a pu pénétrer dans la salle. N'étant pas actionnaires de "Conti", ils n'ont pas eu le droit de lire leur motion et c'est un responsable syndical de l'usine allemande de Stöcken (nord), elle aussi menacée de fermeture, qui s'en est chargé. "Nous n'accepterons pas que la vie de milliers de familles, si l'on inclut les sous-traitants, soit sacrifiée à votre appétit de profit sans borne", a lu dans une version traduite Helmut Krimp, applaudi à la fin de son intervention par nombre des petits actionnaires présents, dont beaucoup sont d'anciens ou d'actuels salariés du groupe.
Au micro, Xavier Mathieu, délégué du syndicat CGT de Clairoix, a lâché "trou du cul" en pointant Karl-Thomas Neumann, le patron de Continental, assis à la tribune. "Excusez les propos de mon collègue, tout est très émotionnel", a aussitôt ajouté M. Krimp. Il y a deux jours, des manifestants ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne, proche de Clairoix. "C'est un mouvement de colère et la colère, ça ne se contrôle pas", a expliqué M. Mathieu à Hanovre.
"AUCUNE DÉCISION DÉFINITIVE", SELON LE PATRON DE CONTINENTAL
En Allemagne, où la culture syndicale est différente, rythmée par le système de cogestion, les syndicats voulaient éviter tout débordement. Mais "nous sommes solidaires des collègues français", a expliqué Werner Bischoff, vice-président du conseil de surveillance de "Conti" pour le syndicat IG BCE. Et avec la direction, "nous nous heurtons presque à du ciment", selon lui.
"Aucune décision définitive n'a été prise. Mais nous avons examiné tous les scénarios et nous ne voyons aucune alternative", a assuré après le départ des salariés M. Neumann. "Toutes les manifestations ne changeront rien au fait qu'il y a des surcapacités en Europe", a-t-il toutefois expliqué devant des actionnaires bien plus préoccupés par le rachat du groupe par son compatriote Schaeffler.
De son côté, le gouvernement français, à travers le ministre de la relance, Patrick Devedjian, avait fait état, jeudi matin, d'une offre, qualifiée de "sérieuse", de reprise du site de Clairoix. Mais la direction du groupe a confirmé une simple "manifestation d'intérêt" d'une société de Dubaï qui ne fabrique pas de pneumatiques, précisant que "des échanges sont en cours". Interrogés, les salariés français présents à Hanovre ont fait état de leur perplexité, rapporte Bertrand Bissuel qui a notamment interrogé Antonio Da Costa, le secrétaire CFTC du comité d'entreprise (la CFTC est majoritaire sur le site de Clairoix) :
Le Monde.fr avec AFP