et d'exploitation imposées par l'ennemi, de l'extérieur et
de l'intérieur.
Ces comités devront :
1) Développer la lutte contre la déportation
et aider les réfractaires à se cacher, à se nourrir,
à se vêtir et à se défendre, enlevant ainsi des forces à l'ennemi et augmentant
le potentiel humain de la RÉSISTANCE ;
2) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice
de DARNAND ainsi que les mouchards et les traîtres ;
3) Développer l'esprit de lutte effective en vue de
la répression des nazis et des fascistes français ;
4)Développer, d'une part, la solidarité envers les
emprisonnés et
déportés; d'autre part, la solidarité envers les familles de toutes les
victimes de la terreur hitlérienne et vichyssoise ;
5) En accord avec les organisations syndicales résistantes,
combattrepour la vie et la santé des Français pour une lutte
quotidienne etincessante, par des pétitions, des manifestations et des
grèves, afind'obtenir l'augmentation des salaires et traitements,
bloqués par Vichyet les Allemands, et des rations alimentaires et
attributions deproduits de première qualité, réduites par la
réglementation de Vichyet lesréquisitions de l'ennemi, de façon à
rendre à la population unminimum de vital en matière d'alimentation, de
chauffage etd'habillement ;
6) Défendre les conditions de vie des anciens
combattants, des prisonniers,des femmes de prisonniers, en organisant
la lutte pour toutes les revendications particulières ;
7) Mener la lutte contre les réquisitions de produits
agricoles, de matières premières et d'installations
industrielles
pour le compte de l'ennemi ; saboter et paralyser la production
destinée à l'ennemi et ses transports par routes, par fer et par eau ;
Défendre à l'intérieur de la corporation
agricole les producteurs contre les prélèvements excessifs,
contre les taxes insuffisantes, et lutter pour le remplacement des
syndicats à la solde de Vichy et de l'Allemagne par des paysans dévoués
à la cause de la paysannerie française.
Tout en luttant de cette façon et grâce à l'appui de
solidarité et de combativité que développe cette lutte,
les comités de villes, de villages et d'entreprises devront en outre:
a) Renforcer les organisations armées des Forces Françaises
de l'Intérieur par l'accroissement des groupes de patriotes
: groupes
francs, francs-tireurs et partisans, recrutés en particulier parmi
les réfractaires ;
b) En accord avec les états majors nationaux, régionaux
et départementaux des F.F.I, organisées milices patriotiques
dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l'encadrement
sera facilité par des ingénieurs, techniciens, instituteurs,
fonctionnaires et cadres de réserve, et qui sont destinés à défendre
l'ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et
la provocation, assurer et maintenir l'établissement effectif de
l'autorité des Comités départementaux de la Libération sur tout ce qui
aura été ou sera créé dans ce domaine pour le strict rattachement aux
F.F.I dont l'autorité et la discipline doivent être respectées par
tous.
Pour assurer la pleine efficacité des mesures énoncées
ci-dessus, le C.N.R prescrit de l'état major national des Forces Françaises
de l'Intérieur, tout en préparant minutieusement la coopération
avec les Alliés en cas de débarquement, doit :
1) Donner ordre à toutes les formations des F.F.I
de combattre dès maintenant l'ennemi en harcelant ses troupes, en
paralysant ses transports, ses communications et ses productions de
guerre, en capturant ses dépôts d'armes et de munitions afin d'en
pourvoir les patriotes encore désarmés ;
2)Faire distribuer les dépôts d'armes encore inutilisés aux
formations
jugées par lui les plus aptes à se battre utilement dès à présent et
dans l'avenir immédiat ;
3) Organiser de façon
rationnelle la lutte suivant
un plan établi avec les autorités compétentes à l'échelon régional,
départemental ou local, pour obtenir le maximum d'efficacité ;
4) Coordonner l'action militaire avec l'action de RÉSISTANCE
de la masse de la nation en proposant pour but aux organisations régionales
paramilitaires d'appuyer et de protéger les manifestations
patriotiques, les mouvements revendicatifs des femmes de prisonniers,
des paysans et des ouvriers contre la police hitlérienne, d'empêcher
les réquisitions de vivres et d'installations industrielles, les rafles
organisées contre
les réfractaires et les ouvriers en grève et défendre
la vie et la liberté de tous les Français contre la barbare
oppression de l'occupant provisoire.
Ainsi, par l'application des décisions du présent programme
d'action commune, se fera, dans l'action, l'union étroite de tous les
patriotes, sans distinction d'opinions politiques, philosophiques ou
religieuses.
Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée,
rompue au combat, dirigée par des cadres éprouvés devant
le danger, une armée capable de jouer son rôle lorsque les conditions
de l'insurrection nationale seront réalisées, armée qui élargira progressivement
ses objectifs et son armement.
Ainsi, par l'effort et les sacrifices de tous, sera avancée l'heure
de la libération du territoire national ; ainsi la vie de milliers
de Français pourra être sauvée et d'immenses richesses
pourront être préservées.
Ainsi dans le combat se forgera une France plus pure et plus forte capable
d'entreprendre au lendemain de la libération la plus grande oeuvre
de reconstruction et de rénovation de la patrie.
II - MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU
TERRITOIRE Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre
en oeuvre pour atteindre ce but qui est la Libération rapide du territoire,
les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques,
groupés au sein du C.N.R. proclament qu'ils sont décidés
à rester unis après la Libération :
1 ) Afin d'établir le gouvernement provisoire de la
République
formé par le Général de Gaulle pour défendre l'indépendance
politique et économique de la nation, rétablir la France dans
sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ;
2 ) Afin de veiller au châtiment des traîtres et à
l'éviction
dans le domaine de l'administration et de la vie professionnelle de tous ceux
qui auront pactisé avec l'ennemi ou qui se seront associés activement
à la politique des gouvernements de collaboration ;
3 ) Afin d'exiger la confiscation des biens des traîtres et
des trafiquants
de marché noir, l'établissement d'un impôt progressif
sur les bénéfices de guerre et plus généralement
sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la
nation pendant la période d'occupation, ainsi que la confiscation de
tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l'armistice
par les gouvernements de l'Axe et par leurs ressortissants dans les entreprises
françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations
en patrimoine national inaliénable ;
4 ) Afin d'assurer :
- l'établissement de la
démocratie la plus large en rendant
la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage
universel ;
- la pleine liberté de
pensée, de conscience et d'expression
;
- la liberté de la presse,
son honneur et son indépendance
à l'égard de l'État, des puissances d'argent et des
influences étrangères ;
- la liberté d'association,
de réunion et de manifestation
;
- l'inviolabilité du domicile
et le secret de la correspondance
;
- le respect de la personne
humaine ;
- l'égalité absolue de tous
les citoyens devant la loi ;
5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :
a) Sur le plan économique :
- l'instauration d'une
véritable démocratie économique
et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités
économiques et financières de la direction de l'économie
;
- une organisation
rationnelle de l'économie assurant la subordination
des intérêts particuliers à l'intérêt général
et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à
l'image des États fascistes ;
- l'intensification de
la production nationale selon les lignes d'un plan
arrêté par l'État après consultation des représentants
de tous les éléments de cette production ;
- le retour à la nation
des grands moyens de production monopolisés,
fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du
sous-sol, des compagnies d'assurances et des grandes banques ;
- le développement et
le soutien des coopératives de production,
d'achats et de ventes, agricoles et artisanales ;
- le droit d'accès,
dans le cadre de l'entreprise, aux fonctions
de direction et d'administration, pour les ouvriers possédant les
qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs
à la direction de l'économie.
b) Sur le plan social :
le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement
- et l'amélioration du
régime contractuel du travail ;
- un rajustement
important des salaires et la garantie d'un niveau de salaire
et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille
la sécurité, la dignité et la possibilité d'une
vie pleinement humaine ;
- la garantie du
pouvoir d'achat national par une politique tendant à
la stabilité de la monnaie ;
la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d'un syndicalisme
indépendant, doté de larges pouvoirs dans l'organisation de
la vie économique et sociale ;
- un plan complet de
sécurité sociale, visant à assurer
à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils
sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion
appartenant
aux représentants des intéressés et de l'État
;
- la sécurité de
l'emploi, la réglementation des conditions
d'embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d'atelier
;
- l'élévation et la
sécurité du niveau de vie
des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles
rémunérateurs, améliorant et généralisant l'expérience de l'Office du
blé, par une législation sociale accordant aux salariés
agricoles les mêmes droits qu'aux salariés de l'industrie,
par un système d'assurance contre les calamités agricoles,
par l'établissement d'un juste statut du fermage et du métayage, par des
facilités d'accession à la propriété
pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d'un plan
d'équipement rural ;
- une retraite
permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;
- le dédommagement des
sinistrés et des allocations et pensions
pour les victimes de la terreur fasciste.
c) Une extension des droits politiques, sociaux et
économiques des populations indigènes et coloniales.
d) La possibilité effective pour tous les enfants français de
bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture
la plus développée quelle que soit la situation de fortune de
leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement
accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour
les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non
de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les
apports populaires.
Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime
de basse réaction instauré par Vichy et qui rendra aux institutions
démocratiques et populaires l'efficacité que leur avaient fait
perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé
la capitulation. Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse
au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité
de l'action gouvernementale.
L'union des représentants de la RÉSISTANCE pour l'action dans
le présent et dans l'avenir, dans l'intérêt supérieur de la patrie,
doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant.
Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout
ferment de division qui pourraient freiner leur action et ne servir que
l'ennemi.
En avant donc, dans l'union de tous les Français rassemblés
autour du C.F.L.N et de son président, le général De Gaulle !
En avant pour le combat, en avant pour la victoire, afin que VIVE LA FRANCE !
LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE