Lya Admin
Nombre de messages : 2458 Age : 40 Localisation : Marseille Date d'inscription : 09/06/2007
| Sujet: Occupation de l’Inspection académique du Haut Rhin - 3 avril 2009 Jeu 16 Avr - 3:29 | |
| Occupation de l’Inspection académique du Haut Rhin le vendredi 3 avril 2009 -----> http://a.camenisch.free.fr/Occupation%20IA%2068.pdf (texte + photos) Vidéo (vers la 14ème minute) ----> http://player.canalplus.fr/#/231791 - Citation :
- Sauvons l'Ecole Pour Tous
Collectif SEPT 68 Occupation de l’Inspection académique du Haut Rhin le vendredi 3 avril 2009 Les raisons de cette action. Le collectif « Sauvons l’Ecole pour Tous » du Haut Rhin, né en décembre 2008, a très rapidement pris conscience que, face à ce gouvernement, les actions classiques (grèves, manifestations, pétitions) n’étaient pas très efficaces. Les seules réponses en retour étaient le mépris, la désinformation, le mensonge, …. Le gouvernement ne cédera que face à un rapport de force tel qu’il ne lui laisse d'autre choix. L’un des outils essentiels de ce rapport de force ce sont les médias. En février, un groupe de réflexion s’est mis en place pour réfléchir à l’animation du collectif et à l’organisation d’actions alternatives. Pour être efficaces, ces actions doivent être : Non-violentes, Symboliques, Médiatiques, Faisables avec un effectif relativement réduit : une vingtaine de personnes. L’organisation doit être précise et rigoureuse. o Lier l’action à un cadre général (veillée des écoles) o Tenir compte du contexte général (ici : sommet de l’OTAN à Strasbourg) Déroulement de l’action 16h.30 : Rassemblement près de l’IA. Comme prévu, nous nous retrouvons à une bonne vingtaine devant l'école maternelle des Tulipes. L'ambiance est un peu fébrile : pour la plupart des participants il s'agit du "baptême du feu" pour ce genre d'opération. Les journalistes sont présents et l'équipe de "Dimanche plus" me branche un micro cravate. La directrice de l'école intriguée par ce rassemblement vient voir ce qui se passe et reconnaît des collègues. Pourvu que personne ne fasse preuve de la même curiosité dans le "Château" de l'autre côté de la rue. Le principal risque est que les grilles soient fermées avant notre entrée. 16h.45 : Intervention et installation Nous nous dirigeons le plus discrètement possible vers le portail et nous attendons à peu près dissimulés par les buissons. Les grilles sont toujours grandes ouvertes. J… entre pour ouvrir la porte du bâtiment. Nous connaissons le digicode mais, au cas où il aurait changé récemment, il reste la possibilité de sonner pour demander à voir quelqu'un ou à déposer un courrier quelconque. Coup de sifflet de J… ! Nous nous précipitons à l’intérieur du bâtiment. Le portail est bloqué en position ouverte avec une chaîne. La dame de l’accueil est un peu surprise de cet afflux de personnes qui s'installent dans les fauteuils ou dans la salle de réunion. Chargé des contacts avec l'IA, je me présente, l'informe de ce que nous projetons de faire et lui demande de prévenir la hiérarchie. Nous avons de la chance : l’IA, son adjoint et la Secrétaire générale sont absents. Le personnel n’est pas habilité à faire face à une telle situation. Cela nous laisse le temps de nous installer tranquillement. La secrétaire de cabinet tente de nous faire renoncer, arguant de l'absence de Mme SAVOURET mais devant notre détermination elle retourne dans son bureau pour prévenir ses supérieurs. Au bout de quelques minutes, je suis appelé au téléphone : c'est Mme la secrétaire générale : nouvelles explications, nouvelles négociations : elle m'explique que l’IA est à Nancy et qu’il n’est pas prévu qu’elle revienne. Je lui répond que nous avons tout notre temps et que nous n'envisageons pas de quitter les lieux avant le lendemain matin. Pendant ce temps, une équipe décore les grilles de l’Inspection avec des banderoles et des affiches « école en danger ». Un groupe occupe l’accueil et la salle de réunion. Un autre groupe se trouve au portail d’entrée et le reste des manifestants s’installent dans la cour et le Parc. Dès 16h.30 un mail a été envoyé à l’ensemble du réseau pour annoncer l’action et inviter tous ceux qui sont libres de venir nous rejoindre. A partir de 17 heures, de nombreux collègues arrivent. 17h.30 : Nouveau contact téléphonique avec la secrétaire générale Elle nous informe que l’IA quitte Nancy et qu’elle accepte de nous recevoir. Elle devrait arriver d’ici une heure. Nous débattons entre nous de la suite des opérations : acceptons-nous de quitter les lieux si l’IA nous reçoit ou non ? Dans la mesure où l’objectif de l’action est surtout médiatique et que l’IA ne peut faire autre chose que de nous écouter, nous décidons de rester dans tous les cas de figure. Peu avant 18 heures : arrivée d’un inspecteur des Renseignements généraux : la personne chargée des relations avec la police s’en charge. Au cours de la soirée, nous verrons arriver jusqu’à 4 fonctionnaires des RG : les 2 premiers jusque vers 20 heures et deux autres (dont un assez peu sympathique) par la suite. Ils se promènent dans le parc et passent beaucoup de temps au téléphone (Il est vrai qu’il y a également une manif anti-OTAN à l’autre bout de Colmar) Le personnel de l’IA est parti. Il ne reste que le responsable de permanence et la secrétaire du cabinet. Vers 19 heures : arrivée de la secrétaire générale. Changement de programme : l’IA refuse de nous recevoir ce soir. Elle est prête à nous accorder une entrevue si nous lui faisons une demande "officielle" et dans les normes. Il devient évident qu'elle n'a jamais envisagé de nous recevoir : c'était une manière de gagner du temps et de prendre les informations au rectorat ou au ministère. Ou alors elle a eu des consignes ? La secrétaire générale nous demande à nouveau de quitter les lieux. Elle insiste et finit par nous dire : « Vous prenez vos responsabilité ; je prendrai les miennes. J'informe le groupe de ce rebondissement. La plupart des personnes présentes sont scandalisées par le revirement de l'IA ; une marque de mépris supplémentaire ! La perspective de quitter les lieux ne se pose même pas. Plus de 50 enseignants et parents sont présents dans l’enceinte à ce moment. Des gens continuent d’arriver, d’autres partent. C’est le moment de commander les pizzas pour ceux qui comptent rester la nuit ainsi que pour le personnel obligé de rester avec nous. L’apéro improvisé (bière et vin d’Alsace) réchauffe les esprits et les coeurs. A la tombée de la nuit, les abords du bâtiment sont décorés par des dizaines de bougies : spectacle tout fait festif et bucolique. La soirée se poursuit, conviviale et bon enfant. La secrétaire générale se réfugie dans son bureau d’où elle ressort de temps en temps pour des échanges avec les policiers des RG qui continuent à se promener au fond du parc (je comprendrai pourquoi un peu plus tard dans la soirée !!). 21h.15 : les pizzas arrivent. Ceux qui ont commandé à manger rentrent et s’installent dans la salle de réunion transformée en salle à manger improvisée. D'autres partent et le parc se vide. Il fait bien nuit maintenant et, comme prévu, nous allons fermer les grandes grilles pour ne laisser ouverte que la petite porte. D'autres collègues arrivent encore à ce moment ainsi qu'une délégation de parents d'élèves de l'école de Sainte Croix en Plaine. Ils viennent de terminer le Conseil d'école et apportent un paquet de 110 manifestes. Après la séance de photos souvenirs, je me dis qu'il est temps d'aller manger ma pizza avant qu'elle ne soit complètement froide. 21h.30 : la police. Arrive alors un monsieur qui se présente comme le Directeur Départemental de la Sécurité Publique (l'équivalent de l'IA au niveau police !). Il m'informe que notre action est illégale (tiens donc !) et qu'il a pour mission de nous faire sortir. Il me demande donc de faire évacuer les lieux. Je lui rappelle le cadre de l'action, en lui précisant bien que les personnes présentes sont des citoyens libres et responsables, parfaitement conscients d'ailleurs de l'aspect illégal (mais légitime) de l'action. Je n'ai donc aucun pouvoir pour les faire évacuer mais je veux bien leur transmettre le message. Lorsque nous nous dirigeons vers la porte du bâtiment, la cour et le parc sont soudain envahis par une nuée de policiers. D'où sortent-ils ? C'est là que je comprends les ballades des RG au fond du parc !! La porte du bâtiment est fermée et j'ai oublié le digicode. Un policier s'y attelle : il essaie vainement plusieurs combinaisons, au grand plaisir des spectateurs présents et des journalistes. Il finit par court-circuiter (enfin je crois) le système et nous rentrons. Le hall est vide et la trentaine d'occupants est attablée dans la grande salle de réunion en train de déguster les pizzas. On pourrait se croire à un repas de fin d'année dans la salle des maîtres d'une école quelconque. L’entrée en scène du Directeur départemental de la sécurité publique jette un froid, puis, le premier moment de surprise passé, les gens continuent de manger tout en négociant avec ce nouvel interlocuteur : Notre action est peut-être illégale, mais elle est légitime, Nous ne faisons que défendre notre école, Les actions légales sont traitées par le mépris, il ne nous reste pas d'autres moyens pour nous faire entendre, Laissez-nous au moins finir de manger, … ………………………………. Le ton est cordial, presque détendu, mais il apparaît clairement qu'il n'y aura pas de concessions, ni d'un côté, ni de l'autre. La détermination sereine des occupants est impressionnante. Je suis à la fois ému et fier d'être là. Je rappelle que chacun est totalement libre de sortir et j'insiste même auprès de certains. Une ou deux personnes sortent en emportant les affaires de ceux qui restent. Voyant qu'il ne parviendra pas à nous faire quitter les lieux, le DDSP s’en va pour préparer l'évacuation. Il y a de nombreuses allées et venues d’uniformes dans le hall. L'un des journalistes présents vient nous informer qu'ils sont en train d'essayer vainement d'ouvrir la grande porte de l'IA mais que, visiblement, ça ne marche pas. Le laps de temps entre la sortie du Directeur départemental de la sécurité publique et l'arrivée des troupes est mis à profit pour– moment surréaliste (est-ce notre côté « alsacien ») – mettre les déchets dans des sacs de tri et nettoyer la tables afin de laisser la salle, autant que faire se peut, vu les circonstances, dans l'état où nous l'avons trouvée. Nous nous asseyons autour de la table en nous tenant par les bras et nous attendons la cavalerie …. qui ne tarde pas ! Les policiers entrent dans la salle en passant derrière nous. Ils sont bien deux fois plus nombreux que nous et il y en a d’autres dans le hall et à l’extérieur du bâtiment. Nous sommes d’abord très soigneusement filmés, les uns après les autres par une jeune policière armée d'un petit caméscope. Puis, à deux ou à trois, ils nous agrippent, essayant de nous séparer et nous sortent de la pièce. Toute l’opération se passe sans réelle violence, sauf A... qui se voit tordre le bras dans le dos. Nous avons entamé la marseillaise et continuons à chanter jusqu’à ce que nous soyons évacués. Certain(e)s interpellent les policiers, leur expliquent les raisons de notre action et affirment haut et fort que notre seul objectif est de sauver l'école dans laquelle vont ou iront leurs enfants. Première étape dans le hall, pour nous demander nos identités. Curieusement, il n'y a même pas de vrai contrôle d'identité : personne ne demande à voir nos papiers et plusieurs occupants sont même oubliés. Il est vrai qu’il y a quand même un certain tohu bohu entre ceux qui chantent, ceux qui essayent de discuter avec les policiers, ceux qui se font porter ou tirer, les journalistes qui filment et les quelques personnes de l’inspection qui assistent au spectacle. Deuxième étape dans le parc par la petite porte (donc ils n'ont pas réussi à ouvrir la grande !). Nous nous asseyons par terre entourés par une masse de policiers et de gendarmes : ils sont entre 70 et 80 d'après la plupart des estimations. Dernière étape enfin, du parc jusque sur le trottoir à l'extérieur de l'enceinte de l'Inspection académique. En me faisant porter vers la rue par quatre policiers (gendarmes ?) je leur dis que, ce soir, je préfère être à ma place qu'à la leur car ils ne doivent pas être très fier de ce qu'ils font. Le coup d'oeil que me jette l'un des quatre vaut tous les discours !! 22h.15 : nous sommes dehors. Dernière conférence de presse improvisée sur le trottoir. Quelques éléments d'analyse L'action est un plein succès à plusieurs niveaux : Du début à la fin, elle est restée parfaitement respectueuse des personnes et non violente. Cela explique sans doute aussi l'attitude très correcte des forces de l'ordre. Les avis sont partagés : certains pensent que la présence des caméras a été plus efficace sur ce plan que notre attitude ? L'objectif médiatique est pleinement atteint puisque nous avons eu plusieurs articles dans les différents journaux locaux, dont une page pleine dans les DNA, et la présence d'une équipe de télévision. Cet aspect est cependant perfectible : la présence de France 3 dont les reportages sont souvent repris par la 2 au niveau national aurait été utile. Il y a nécessité d'étoffer les relations avec les médias. 80 policiers pour évacuer une trentaine de parents d'élèves et d'enseignants (majoritairement des femmes d'ailleurs) qui mangent des pizzas. Un bel exemple de l'ouverture de la hiérarchie aux revendications de la base !! Texte de Roland Photos de Christelle et François | |
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| Sujet: Re: Occupation de l’Inspection académique du Haut Rhin - 3 avril 2009 Jeu 16 Avr - 3:31 | |
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